What About Nature ?

Qu’est devenue la Nature ? De quoi parle-t-on lorsque nous employons ce mot ? De quoi ? du paysage ? Du cadre de vie ?

La première Nature, celle qui nous concerne avant toute chose, celle qui nous porte, n’est-ce pas le corps ? Le corps n’est-il pas la Nature qui véhicule notre âme ? L’ensemble grouillant, suintant, coulant, frénétique, névralgique, pileux, gras… N’est-ce pas là notre premier paysage ?

Il y a des planètes, des étoiles et des lunes dans mon estomac mes reins et mes orteils, ma vie coule dans mes veines comme je coule dans les rues de ma ville, comme nous coulons ensemble ici et là.

Des wagons de globules rouges charient mes souvenirs et mon oxygène, le diazote et les globules blancs sont accoudés au fond de la salle, ils discutent politique articulaire, cartographie charnelle et organisation cellulaire.

Je coule, je descend, encore je coule j’écoule le temps, mon temps, le sang, l’eau de la rivière pour arriver à la mer… Immersion

Les poils, la chair, le derme, mes dents, une belle grappe d’amoureux qui dans une danse portent la réalité, celle du corps, de la chair qui fait corps en moi, alors je descends en corps, je coule et j’écoule les souvenirs et les sensations qui coulent dans mes veines, vibrent dans mes os, fusent dans mes nerfs… jusqu’à la méduse géante qui contrôle tout…. Ahhhhh

Qui croit, qui croit tout contrôler, mais elle flotte elle, dans son bocal, à l’abris de la lumière, dans l’obscurité,  elle ne perçoit que par quelques trous elle, et nous, nous autres poils, derme, intestins et voute plantaire, nous allons partout, nous flottons après avoir coulé, toi le globule et moi le poil, nous les dents et vous autres les intestins nous sommes il au pluriel et je suis je, je suis les vies qui se jouent dedans, dessus, en dessous de moi.

Des jungles et des steppes arides laissent place aux collines verdoyante du creux de mon aisselle pour me guider vers les monts enneigés de mes mémoires cellulaires, je descends, je défait ce qui est fait, je décompose pour recomposer dans la mer, la mer qui est là, en moi, qui contient à la fois tout et rien, qui embrasse tout ce qui vit et contient tout ce qui meurt.