Know urself

Pourquoi attendre de s’attabler, de se macbookairiser pour écrire? Alors que ce n’est pas possible. Il me manque un sens, je ne sens plus certaines choses. Elles me filent sous le nez, par petits bancs fulgurants aux reflets argentés et je suis là flottant sous la surface, sans harpon, sans même un appareil photo, contemplation passive.
Ça va un moment, je veux dire ça va un moment de regarder dans le bocal jusqu’à en devenir poisson et puis après je crois qu’on se dilue, qu’on devient homéopathique, puis particules fines, on décante et puis enfin nous sommes déposés, mémorisés, stockés, gravés dans le silice, fossilisés… Basta
Bon j’en arrive à ce pourquoi je suis là maintenant. Désolé pour l’intro.
Aujourd’hui il semble exister un pré-requis à tout désir ou tout projet, une injonction tacite de se connaitre soit-meme, développer son ‘oeil intérieur, devenir le sondeur sage au coeur clair. Comme si nous avions un coeur… par là j’entends le coeur du réacteur et non l’organe, ni même le siège des émotions mais plutôt le noyau, celui dont on pourrait tirer l’essence de soit. Il existerait donc un centre de soit, immuable, précieux, stable. Un diamant de carbone compacté, une identité primale de l’individu, un élément chimique pur qu’il faudrait trouver pour savoir vraiment à qui on s’adresse quand on se parle a soit même, ou pour qui vraiment nous agissons. C’est le Banco, la question des 1000 euros, le grand pimp pada de l’existence contemporaine. Know yourself! just fucking do it!
Alors ça se retourne comme des chaussettes pour matcher l’endroit et l’envers, ça se recroqueville façon escargot pour tâcher de trouver ce coeur, ça pourrait s’enlever quelques côtes flottantes psychiques si seulement ça garantissait un aboutissement. Mais non rien n’est garanti en plus alors même qu’il faille affirmer qu’on connait son centre pour pouvoir bouger d’un seul tenant, pour pouvoir être un dans l’espace de ses congénères… ça me rappelle la queue de Mickey les jours de marché quand j’étais petit, je vous dis moi, dieu et Freud sont des forains et au boulon rouillé ils préfèrent largement l’oseil de ma maman.
Il n’y a pas de centre, il n’y a même pas de fond, tu peux la jouer Abysses tant que tu veux et remonter n’importe quel coquillage du fond et raconter tout ce que t’as vu et bien plus encore mais ne parle pas de centre car il n’est pas là où tu le crois, il n’est pas en toi le joyaux nucléaire qui te fera irradier tous ceux qui t’approchent, non il n’est pas toi tu n’es pas lui il ne t’appartient pas tu ne le trouveras pas là au fond de toi… tadaaaaa le rideau se lève sur une carotte et une crotte de nez et tu n’es pas grand chose, presque rien, ton individualité, ton identité ne sont rien de plus qu’une histoire, comme celle de Toto ou de T’choupi. Elle est essentielle et t’en as besoin mais ce n’est qu’une histoire, un chapelet de mots qui te construisent et t’enferment tout pareil… as-tu remarqué que quand tu essaies de regarder en dedans c’est tout noir avec des étoiles ? Tu crois que le vide a un centre?
Tu es une multitude de possibilités, une série de potentiels probables qui se réaliseront ou non en fonction des rencontres et des choix que tu feras… si il y a un centre, il est entre toi et celui ou celle que tu n’as pas encore rencontré.